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Bou-Saada mérite son nom plein de promesses; si le paradis est dans le ciel, certes il est au-dessus de ce pays, s'il est sur terre, il est au dessous de lui.
 
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 Quand on emmure les vieux jours dans l'oubli

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kachina
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Masculin Nombre de messages : 455
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MessageSujet: Quand on emmure les vieux jours dans l'oubli   Quand on emmure les vieux jours dans l'oubli EmptyLun 03 Déc 2007, 1:23 am

Quand on emmure les vieux jours dans l'oubli

par Farouk Zahi


La vieillesse est un naufrage ; la citation attribuée à Ch. de Gaulle, restitue de manière on ne peut plus tragique, la phase crépusculaire de la fin d'une vie. Le naufrage emporte corps et biens. Cornélienne, elle est traitée d'ennemie.

La mémoire collective du terroir, rappelle au genre humain, ses incuries et ses vilénies par la fabulation. L'une d'elles raconte le récit suivant : un chef de famille, se rappelant son vieux père qu'il avait reclus dans un coin d'écurie, disait à son adolescent de fils.

- « Prends cette couverture et donne la, à ton grand-père, il doit avoir froid ».

Le fils mettait en exécution le voeu de son père, et revenait après la tâche accomplie, avec la moitié de la miteuse couverture dans la main. Le père intrigué, puis outré en voyant la chose, partait dans une invective coléreuse.

- « Pourquoi donc, l'as-tu coupée en deux ? ».

Sans se démonter, le fils fit cette déclaration sentencieuse.

« J'en ai laissé la moitié pour toi, quand tu seras plus tard à sa place ! ».

Irréelle peut-être, mais édifiante par la réciprocité qu'elle induisait déjà ; l'esprit de l'enfant singeait sans doute, l'attitude de l'adulte.

Les centres d'accueil pour personnes âgées n'ont jamais fait l'unanimité, mais pourtant ils sont là, leur nombre ne cessant d'augmenter. Le premier établissement réalisé par une wilaya du Centre à l'orée des années soixante-dix (70), n'a jamais rempli la fonction pour laquelle, il était destiné ; faute de clientèle. Depuis lors, les temps ont changé, ce n'est qu'à la fin des années quatre-vingt-dix (90), qu'un premier centre est ouvert aux pensionnaires. L'ancêtre de ces centres est probablement celui de Sidi Moussa. La nomenclature des investissements publics à caractère social, a typifié et budgétisé la réalisation de ces infrastructures. Ceux qui sont contre, ne savent décidément pas de quoi ils parlent, ceux qui sont pour la systématisation, désespèrent exagérément des comportements filiaux. Il y aurait sans doute une troisième voie à prospecter et ce ne peut être, qu'un sujet de recherche appliquée de spécialistes de la chose.

Il semblerait que les centres existants n'ont pas réussi autant qu'on le sache, à apporter de réponses idoines à la problématique. Les services en charge de cette couche sociale vulnérable, comptent proposer à ceux et celles qui reprendraient l'un des membres de leur ascendance, une rétribution financière. Ce n'est certainement pas le besoin économique qui a fait délester les enfants de leur charge parentale ; mais bien autre chose, qu'il faille débusquer. La promiscuité détiendrait sans nul doute le haut du pavé ; viendrait ensuite la déliquescence du droit d'aînesse par l'éclatement de la famille élargie. Il y a lieu ici de se poser une poignée de questions sur ce phénomène qui prend une ampleur souvent inapparente. La modernité occidentale n'a pas influé sur l'us comportemental dans, par exemple, le type d'habitat et la taille de la famille. Au vu de ses villas immeubles, l'intention de loger le clan est toujours vivace. Et pourtant beaucoup sont désertées. La seule garantie de remplissage des grandes tentes de jadis, était probablement le mariage endogamique offert par le cousinage. La maison patriarcale était modulaire, ces cellules gravitaient autour de la cour et des dépendances communes. La traversée de la cour obligatoire, était élevée au rang de rituel. Le patriarche installé à l'endroit de veille stratégique, surveillait les faits et gestes de la maisonnée. On lui confiait cette fonction de supervision par devoir moral et par respect à la hiérarchie généalogique. Les liens du sang était le meilleur ciment de la solidité de l'édification sociale, de la fraction et par extension du arch (tribu). Il est vrai qu'il s'agissait de survie dans des contrées souvent peu sûres. La survivance de quelques particularismes ataviques a traversé le temps. La preuve en est donnée par la rixe rangée, à l'origine des émeutes de Ouargla. A la différence des tribus bellicistes, il s'agit dans le cas présent, de deux quartiers urbains touché chacun dans son « honneur ». Que l'on ne se méprenne pas sur le propos, ce n'est point une invite à un retour aux archaïsmes, d'ailleurs on ne le pourrait plus, dussions-nous y postuler. Ces aléatoires supputations, sont de purs questionnements intérieurs, qui trouveraient peut-être un jour, une réponse suffisante. Nous avons pris l'habitude de ne compter que le patrimoine matériel par des nombres arithmétiquement neutres, l'immatériel et l'humain faisaient rarement l'objet d'études qualitatives et documentées. L'aisance sociale des années fastes, leurre s'il en fut de prétentions modernistes, a connu son terme, sans pour autant résoudre les déficientes ciblées jusque-là. Dos au mur, il nous faut tenir compte des thèmes de recherche sociale que tous nos universitaires s'échinent à produire, beaucoup plus à visée académique qu'à dessein opérationnel.

Contrairement aux autres indices démographiques de mortalité infantile, maternelle et générale qui tendent vers la baisse, celui de la population vieillissante ne peut être qu'exponentiel ; l'espérance de vie tournant actuellement autour de 74 ans. Ceci n'est certainement pas le fait du hasard, l'amélioration des conditions socio-économiques et la promotion sanitaire de la population ont été pour beaucoup, dans la bonification des scores indiciaires. De nouveaux défis, se profilent à l'horizon, aussi bien en matière de prise en charge sociale prolongée que médicale lourde. La gériatrie et la gérontologie socio-démographique sont encore à inventer. Le délaissement parental est accentué par l'épuisement des ressources physiques que matérielles, face à l'ascendant grabataire. La lassitude gagnera du terrain sur la charge émotionnelle. La déchéance physique de l'être jusque-là chéri, dont on ne veut en garder que l'image idéalisée, sera pour beaucoup dans l'abdication. Et dans ce cas, le vieux père est le moins choyé, la fille qui est l'ange de la maison, trouvera énormément de difficulté pour affronter, la nudité de son géniteur. Pour prévenir de telles situations, notre séculaire sagesse marie le vieillard dès son veuvage, L'on considère que la jeune marâtre est la personne toute indiquée, pour ce genre de corvée. On s'en offusque au début, notre ego mis à mal, mais la raison l'emportant sur le coeur, on s'en accommode. Un autre axe de travail est à prospecter pour une nouvelle alternative de prise en charge. Il s'agira d'envisager pour certaines personnes âgées la kafala, à l'instar de celles des enfants assistés. Ces deux catégories de personnes sont, toutes deux victimes du même abandon, sauf que l'un est d'essence parentale et l'autre filiale. Des personnes physiquement aptes et vivant seules, peuvent contre rétribution, prendre en charge au moins une personne âgée. Des foyers familiaux à dimension humaine sont à initier dans un cadre de proximité, pour éviter le déracinement et l'ostracisme social. Ces pistes de prospection ne font que suggérer, une nouvelle approche de la solidarité intracommunautaire, qui risque d'être payante dans la mesure où, le réservoir national de bonne disposition à l'entraide demeure inentamé. Il suffirait probablement de l'orienter dans le seul sens de l'écoulement.
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