Beauté céleste
( Bou-Saâda)
Moi qui suis né de la chaleur de tes étreintes
Je sens tes douleurs et je mesure tes plaintes
De l’arène où hennissent tes jumelles saintes
De la palmeraie où tes lueurs furent éteintes
Un vieillard se lamente de cette grisâtre teinte
Qui s’empare des feuilles non encore peintes
Tes allures tolérantes adoucissaient la pierre
Ton humilité te soumettait les sorcières
Des milliers d’étoiles illuminaient ton ciel fier
Qui se revêtait de couleurs excitant ta lumière
Faisant de tes sourires des brises printanières
Tenant la gaieté, la joie et le délire en lisière
Hypnotisé, je me comporte selon ton humeur
Captif, je vénère tout ce qui porte tes senteurs
Esseulé, je m’engouffre dans tes profondeurs
Abattu, je me laisse sombrer dans ta splendeur
Attristé, je m’allonge et je songe à ta grandeur
Usé, je m’agenouille et je savoure ta douceur
Perdu, celui qui ne se guide pas sur ta noblesse
Maudit, le poète qui ne s’inspire pas de ta sagesse
Insatisfait, celui qui ne goûte pas à tes caresses
Mourant, le cavalier qui fuit loin de ta forteresse
Las, celui qui se prive de ton amour et ses ivresses
Désorienté, l’enfant qui grandit sans ta tendresse
En rêve, j’ai vu une fée remodeler l’univers
Faire de ton corps le centre de la terre
Rendre tes yeux le pourvoyeur de la mer
Alimenter le soleil de ta magique lumière
Mettre de ton sourire un point de repère
Inviter les rêveurs à vivre ton calme polaire
Mon fils promets-moi de te recueillir sur ma tombe
De me la décrire quand elle s’étend sur l’herbe à l’aube,
Lorsqu’elle se change le soir en mettant sa jolie robe
Lorsqu’elle s’exalte au soleil, ma fière colombe
De t’asservir au spiritueux coulant le long de ses jambes
De puiser tes forces des sources sacrées qu’elle enjambe
Sassoui Abbes
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