L’Atlas Saharien, vaste territoire d’échanges, où se côtoyaient des populations aussi bien nomades que sédentaires, présentait tous les avantages susceptibles d’y développer l’installation d’une bijouterie riche et prospère. L’atelier à demeure pour le bijoutier favorisait et facilitait l’exercice de son métier et le mode de vie de nomade de la région aidait à faire connaître les produits de son travail loin du lieu de leur fabrication. Par leurs déplacements intermittents les bijoutiers eux-mêmes contribuaient largement à la diffusion de leurs bijoux. Encore dans les années 40-50, ils quittaient leurs échoppes pendant plusieurs mois et suivaient les nomades ou bien s’installaient dans les petits douars. On peut dire que toute la région allant des Monts des Ksours jusqu’aux abords de l’Aurès, en passant par le Djebel Amour, les Monts des Ouled Nail, le versant sud des Hauts Plateaux et le Nord du Sahara présente une certaine cohérence et une uniformité de style dans les bijoux traditionnels.
Mais les bijoutiers choisissaient de s’installer surtout dans les grands centres, comme El-Bayadh, Djelfa, Bou-Saada, où la clientèle était importante et variée : citadines, femmes des ksours et des douars, ainsi que les nomades de passage. Cependant la différence des goûts dans les catégories de population était appréciable (les premières préféraient par exemple les parures en or), même si les bijoux étaient le plus souvent de memes types et de memes formes, à quelques nuances près.