BOU-SAADA
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

BOU-SAADA

Bou-Saada mérite son nom plein de promesses; si le paradis est dans le ciel, certes il est au-dessus de ce pays, s'il est sur terre, il est au dessous de lui.
 
AccueilAccueil  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

 

 Le scorpion, cet insecte qui tue encore

Aller en bas 
AuteurMessage
kachina
mordu
mordu



Masculin Nombre de messages : 455
Date d'inscription : 20/10/2006

Le scorpion, cet insecte qui tue encore Empty
MessageSujet: Le scorpion, cet insecte qui tue encore   Le scorpion, cet insecte qui tue encore EmptyVen 06 Juin 2008, 12:42 pm

"Le Quotidien d'Oran" du 05/06/2008

Le scorpion, cet insecte qui tue encore


Par Farouk Zahi

(Lien de l'article)


Il n’avait que 4 ans, il s’appelait Nabil... il jouait avec ses petits camarades du quartier à Biskra, il rencontrait la mort sous une pierre. Elle s’appelait Nora, elle venait d’avoir son baccalauréat ce jour-là, elle mourait sur le perron de la polyclinique de Tolga.

Il s’appelait Abdallah, pieds nus, il était sur sa terrasse par une torride nuit d’été, dont seule Ouargla en détient la recette. A la première marche, le dard venimeux lui injectait la mort dans une veine plantaire, à l’âge où l’insouciance élude les craintes. « Le scorpion est considéré comme le plus vieil animal au monde (500 millions d’années). Il s’agit d’un animal nocturne, actif en été, se nourrissant de proies fraîchement tuées ou vivantes, résistant aux agressions thermiques, au jeûne (il peut rester 1 an sans manger), à la déshydratation (40 %), à l ’asphyxie, aux infections microbiennes et même aux irradiations (il a été retrouvé vivant après les essais nucléaires de Reggane). L’envenimation scorpionique est un problème de santé publique en Algérie selon l’OMS. En effet, chaque année on dénombre en moyenne 25 000 à 50 000 piqûres/an - 100 à 200 décès/an. Pour l’année 2004, on a dénombré 44.653 piqûres ayant entraîné 81 décès. 28 wilayas, sur les 48 que compte le pays, sont concernées par ce problème » (1).

Le scorpion, ce fléau des Hauts Plateaux et du Sud, cet arachnide aussi vieux que le monde, fascine et terrorise à la fois. Les espèces venimeuses les plus connues, sont Buthus occitanus où scorpion languedocien, se faisant de plus en plus rare au sud de la France, Centurus le mexicain et enfin, Androctonus australis hector le nord-africain. Ce dernier, bien de chez nous, est appelé à juste titre, le tueur d’hommes. Il y a lieu de se poser légitimement la question, sur la persistance et l’extension de cet accident venimeux qui évoque de prime abord, les zones inhabitées ou steppiques de l’Algérie profonde. Loin s’en faut, 28 wilayas sur l’ensemble du pays sont sujettes à l’infestation scorpionique, dit-on. Le fameux triangle de la mort, constitué par le périmètre Ksar-Chellala, Ouargla et Biskra, semble évoluer pour intégrer d’autres contrées. L’endémie est péri-urbaine à 65 % et l’incidence de l’envenimation calculée, il y a quelques années de cela, était intra domiciliaire à plus de 65 %. Le mal devenait intra mural. Les vieux ksour et médinas se transformaient en lieu de prédilection du scorpion. Il trouvait un gîte favorable dans les ruines et gravats de vieilles masures, abandonnées par leurs légataires à la disparition des anciens occupants. L’extension urbaine l’a spolié de ses repaires naturels. De moeurs nocturnes, l’absence d’éclairage public encourage cet insecte craintif à vaquer librement. Le réseau d’assainissement lui offre des facilitations pour ses déplacements, il peut ainsi le faire de jour, dans ces conduits humides et frais à l’abri des regards. Les conduites d’évacuation des baignoires et lavabos, le font pénétrer dans des endroits insoupçonnés. Parmi ses paradoxes, il craint la chaleur. Il gîte sous la pierre, relativement fraîche le jour, pour la quitter le soir, lui préférant la fraîcheur extérieure. Les nuits torrides pourvoient les urgences médicales, en nombre exceptionnel de cas d’envenimation. La glande pleine de venin, il part la nuit tombée à la recherche de sa pitance. Sa piqûre serait moins nocive au petit matin, son ampoule évidée par ses multiples piqures sur ces proies, ne contiendrait pas assez de venin pour tuer.

Que faisaient donc les anciens pour s’en prémunir ? Et bien en recourant à ses prédateurs naturels, que sont les gallinacés : poulet, dinde et pintade, qui généralement cohabitaient avec la famille. Le hérisson, autre insectivore, était domestiqué pour les besoins de la cause. Celui-ci, de moeurs nocturnes, assurait la relève des premiers cités qui sont des « couche-tôt ». D’autres pratiques ataviques étaient de mise tel que le sac de jute mouillé mis au pas de la porte, la fraîcheur du tissu retenait le scorpion jusqu’au matin. Les chaussures n’étaient jamais abandonnées à l’extérieur des logis. Les ustensiles et autres contenants étaient toujours renversés et haut placés pour ne permettre aucune intrusion désagréable. Le couchage à même le sol était évité ; la « sedda » confectionnée à partir de palmes tressées était placée sur des tréteaux et tenait lieu de lit. La literie était préalablement vérifiée, avant son utilisation. Dans la palmeraie du M’Zab, une technique populaire, consistant à placer de gros morceaux d’oignons découpés sous un bidon troué sur les côtés, faisait s’agglutiner les scorpions autour du récipient. N’y aurait-il pas un tropisme quelconque, entre l’insecte et cette racine bulbeuse ? On trouvait souvent, dans la tradition oasienne, le scorpion enfoui dans l’oignon sec ensaché ; on préconisait toujours de vider le sac, à l’extérieur des demeures. Quelle que soit l’efficacité ou non des méthodes utilisées çà et là, il demeure indéniable que l’individu, dans un souci de conservation, tente de trouver la parade. Sa passivité, par contre, participerait sans nul doute, à sa perte.

Les techniques médicales modernes, telles la sérothérapie et autres médications, ont quelque peu dépossédé le citoyen de sa vigilance. Il pense qu’il serait sauf en cas d’envenimation, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. L’enfance y est tragiquement plus vulnérable et plus exposée. Les moyens physiques de lutte sont la suppression des gîtes occasionnels constitués par les anfractuosités des murs démunis de crépissage, l’éloignement des gravats et déchets ménagers et l’éclairage extérieur individuel éclairage public. Dans la vallée du M’Zab, les habitants placent des tubes au néon sur le fronton de leur domicile, allumés au moment de la la prière du Icha’a, ils ne seront éteints qu’à la prière de l’aube. C’est une conduite citadine à mettre sur le compte d’une conscience citoyenne. Les pesticides sont, aux dosages usuels, de nul effet. L’épandage de mazout autour des logis, sans toxicité pour le scorpion, lui est cependant répulsif, il peut l’éloigner momentanément. Le Mexique, qui vivait aussi les affres de la neurotoxine scorpionique, aurait barré la route à son Centurus. Les constructions seraient ceintes de carreaux céramiques à l’effet d’annihiler toute tentative d’escalade des murs extérieurs.

Ne dit-on pas qu’à chaque chose malheur est bon ? L’on me dira où serait le bon dans le scorpion ? Je dirais : « dans son venin ! ». Le Dr Koubi médecin vétérinaire, ancien chercheur à l’Institut Pasteur d’Algérie, qui a consacré une bonne partie de sa vie au scorpion, le connait jusqu’au paradoxe de l’affection. Il faisait nourrir son élevage de scorpions avec des vers de farine, qu’ils produisaient dans son propre réfrigérateur. Ce ver aurait été ramené jusque-là, des Pays-Bas, si j’ai bonne mémoire. Ce praticien, originaire de Ouargla, faisait de la lutte antiscorpionique un point d’honneur à la limite du militantisme. Il sollicitait de sa hiérarchie l’extension des stalles destinées aux chevaux, sur lesquels on prélevait le sérum antiscorpionique. Le sérum algérien très demandé à travers le monde (USA et Arabie saoudite) est reconnu de bonne qualité thérapeutique. Ce « poison » pouvait rapporter de l’or. Il me racontait ainsi, l’histoire de ces globe-trotters français, qui parcourraient dans les années 70, nos zones arides à la recherche de scorpions et de vipères qu’ils faisaient « pisser » ou « vomir » après capture. Les venins collectés dans des flacons de 10 grs, vendus à un fameux Institut scientifique français, pouvaient ramener plusieurs millions de F.F de l’époque. Ne peut-on pas développer ce créneau, au bénéfice de la recherche scientifique ? Sauf si ce n’est déjà fait, bien sûr ! En guise de conclusion qui ne peut être que partielle, ce problème, déjà national, interpelle plus d’un secteur, Agriculture et Forêts, Urbanisme et Environnement à faire un effort particulier pour soustraire les potentielles victimes à ce fléau mortel. Le drame des familles, touchées par un décès par envenimation, est mal vécu par celles-ci de par le caractère inattendu de l’accident venimeux. Le reproche qu’il nous serait donné d’assumer relèverait autant de la responsabilité de la collectivité, du clan que de la famille elle-même.



Note de renvoi :
1- F. Aliane « Envenimation scorpionique en Algérie » in « Santé Maghreb ».
Revenir en haut Aller en bas
 
Le scorpion, cet insecte qui tue encore
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
BOU-SAADA :: Ce qu'ils en disent-
Sauter vers: