BOU-SAADA
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Bou-Saada mérite son nom plein de promesses; si le paradis est dans le ciel, certes il est au-dessus de ce pays, s'il est sur terre, il est au dessous de lui.
 
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 Bou-Saada sur une poudrière...

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Benaziez
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Benaziez


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MessageSujet: Bou-Saada sur une poudrière...   Bou-Saada sur une poudrière... EmptyLun 30 Jan 2012, 11:26 am

Bou Saâda sur une poudriére
Les raisons de la colère… qui couve
El Watan édition du 26 janvier 2012
Bou-Saada sur une poudrière... Bousaa10
A Bou Saâda, la rue bouillonne. Contenue jusqu’à présent par le mouvement civique qui organise depuis plus d’un mois des réunions publiques hebdomadaires, l’impatience risque de déraper et prendre une tournure contestataire incontrôlable.

Menée en bateau par l’ancien chef de l’exécutif de la wilaya, la population a attendu patiemment son projet de centre universitaire de 8000 places, annoncé pourtant par ce même responsable. La mystification, poussée jusqu’au cynisme, faisait même faire aux autorités communales un choix de terrain pour le futur projet. Surpris par la nouvelle de l’inexistence d’un tel projet de la bouche même du nouveau wali, le collectif élu il y a quelques mois, a tenté de démissionner collectivement. Le relais est actuellement pris par le groupe Jeunesse du centre universitaire qui s’est constitué autour de la revendication. Après deux regroupements du «samedi», il est vite rejoint par les autres corporations professionnelles : commerçants, transporteurs, professions libérales et autres.

La cité en a fait son credo principal. En fait, cette saga, qui dure depuis trois ans déjà, a été suscitée par l’inscription de 8000 places pédagogiques pour la wilaya de M’sila. L’idée d’un centre universitaire délocalisé à Bou Saâda était à l’époque dans l’air ; le conseil scientifique de l’université Mohamed Boudiaf aurait rendu, dit-on, un arrêt défavorable arguant que la partie sud de la wilaya aura sa propre université, dès la prochaine réorganisation territoriale. Si lors du gavage en projets du chef-lieu et de sa périphérie le motif invoqué tenait plus ou moins la route, il n’en est plus de même présentement. Le statut de daïra, qui ne permettait pas beaucoup d’ambition, a été battu en brèche par l’Institut du commerce de Metlili et les centres universitaires de Khemis Miliana, Barika et El Affroun. Les motivations avancées, à l’époque du fait accompli, participent beaucoup plus d’une posture dominante pour laquelle on a opté délibérément, faute d’arguments tangibles. Est-ce à dire que l’univers scientifique est mité, lui aussi, par l’instinct sectaire pour ne pas dire autre chose ? Est-ce de droit divin de s’approprier les richesses de la communauté nationale pour en faire des droits irréversiblement acquis ?

La décentralisation débridée de certaines décisions de portée socio-économique et culturelle continue d’influer négativement sur de grands bassins de populations rendus marginaux par la seule volonté des hommes vêtus de leurs fonctions régaliennes. Cette procédure de planification a, d’ailleurs, scindé l’aire territoriale en Nord suréquipé et en Sud traînard, broyant du noir en se suffisant de son exotisme. Ce «wilayo-centrisme» ne date pas d’aujourd’hui, il remonte aux années 1980, où la population, qui s’est légitimement sentie lésée par le découpage administratif de 1974, a manifesté son souhait de se libérer de l’emprise d’une circonscription territoriale vorace. Les chances d’envol économique étaient sensiblement égales, aussi bien pour l’une que pour l’autre agglomération. Malheureusement, c’était compter sans les relents grégaires et émotionnels. La grogne a atteint son paroxysme en 1989, lors de manifestations populaires où la revendication de changement de statut administratif était portée autant par le prospère négociant que par le chômeur ordinaire. Tout le monde avait compris que l’amélioration des conditions socio-économiques et la promotion culturelle passaient indubitablement par la promotion administrative. Temporairement apaisées par des promesses non tenues, ces revendications, loin de s’éteindre, continuent à sourdre pour être ravivées épisodiquement. La génération nouvelle, plus éduquée, donc instruite, n’est pas disposée à être résignée. Elle considère qu’elle mène son combat de la dignité.

En dépit de la récente dynamique de développement que tentent d’imprimer les autorités locales actuelles, la béance socio-économique entre les deux entités géographiques créées par l’artifice du déni est telle qu’il serait difficile à toute bonne volonté de la combler. Et s’il fallait illustrer la situation à laquelle ont abouti certaines décisions d’apparence anodine et relevant du fonctionnement normal d’une structure de souveraineté, en voici quelques exemples : en juillet 2006, la commission de l’industrie de l’assemblée populaire de wilaya a approuvé la création d’une deuxième zone industrielle. La nouvelle zone de 426 275 m2 couvrira la partie nord du chef-lieu. Ce dernier, qui administre 47 communes, dont 50% gravitent autour de Bou Saâda, est le moins déshérité pour bénéficier d’une telle largesse. Cette dernière agglomération se contentera d’un passé touristique et d’une agriculture de subsistance. Ce petit investissement phagocytera 8,17% de l’enveloppe globale du programme inscrit dans le cadre du plan de développement des Hauts-Plateaux pour la wilaya. Est-il rationnel et équitable de consacrer plus de 10% d’une enveloppe financière destinée à plus de 980 000 habitants à une aire qui recevrait 78 lots d’éventuels investisseurs ? Cet investissement a créé une irrésistible attractivité par un phénomène d’aspiration de certains projets privés qui pouvaient absorber des dizaines de désœuvrés dans les communes périphériques.

Ce paradoxe a été généré par la disponibilité in situ de grands débits d’énergies gazières et électriques ; faut-il noter, au passage, que cette coïncidence ne saurait relever du fortuit. L’exemple le plus illustratif est sans doute l’implantation d’une usine de ronds à béton dont l’investisseur n’avait d’autre choix que de se plier à la contrainte énergétique. L’unique et probable exception est, sans nul doute, la cimenterie initiée par un investisseur étranger dont l’implantation ne pouvait impérativement répondre qu’à la proximité du gisement de marne. S’il fallait encore des pôles économiques pour la wilaya, la commune des Ouled Brahim aurait été plus indiquée de par sa position géographique axiale et son atout aéroportuaire (aérodrome d’Eddis) et qui n’est, actuellement, d’aucune utilité. On parle même d’un futur aéroport pour le chef-lieu. Encore lui ! Ce qui voudra signifier que c’en est fait de l’actuel, toujours fermé à la navigation aérienne. De toutes les wilayas du pays, celle dont le particularisme est connu de tous, est sans nul doute celle du Hodna. A cheval sur deux groupements humains sociologiquement similaires, mais ataviquement compétitifs, elle se distingue par le bicéphalisme qui l’a toujours caractérisée. Ses deux centres urbains d’égale importance démographique au départ, Bou Sâada et M’sila se disputaient sainement le leadership local. La première agglomération, en pole position de par sa situation géographique centrale, traversée par les routes nationales 8 et 46, vit un marasme économique imposé par la position dominante de la deuxième agglomération.

Le déséquilibre qui a commencé, dès le départ, par la création de la première zone industrielle au chef-lieu a été accentué par de petites touches çà et là. Il est d’ailleurs rapporté dans la même session (APW) que cette zone industrielle a bénéficié de 200 millions de dinars pour sa bonification en 1998, bien après la déstructuration de la famélique zone d’activité de Bou Saâda. La création du centre universitaire, devenu université avec ses 12000 places pédagogiques, a creusé davantage l’écart. Ce déséquilibre sera plus criant avec le nouveau campus universitaire de 20 000 places pédagogiques. Véritable pôle économique, il absorbera à lui seul la population désœuvrée de la capitale du Hodna, comme on se plaît à la dénommer maintenant. Il consommera des biens et services équivalents à ceux d’une petite ville. Décidément, l’aisance financière du pays a ouvert de nouveaux appétits, jusqu’à inscrire des projets répétitifs. Tout observateur impartial remarquera à loisir que ni Aïn Rich ou Aïn Farès, à 150 km au sud de Bou Saâda ou même Sidi Ameur ou Medjedel, plus proches, ne verront leurs pérégrinations diminuer avec ces nouvelles structures. Cette implantation confortera l’étudiant des environs immédiats du chef-lieu dans son confort d’externe et condamnera l’étudiante du sud de la wilaya au pensionnat, avec ce qu’il implique comme désagréments et dérives.

Les rancœurs croissent dans le lit de l’iniquité, surtout quand celle-ci élude les appels qui fusent de manière régulière et lancinante. Sans intention délibérée de remettre en cause les études prospectives qui ont sous-tendu ces réalisations, celles-ci ne peuvent être sereinement opposées au raisonnement de l’usager habituel. Dès que l’équilibre est rompu, aucune circonlocution ne peut résister au bon sens rural d’essence pastorale. Malgré les bouleversements sociétaux induits par l’éducation et la communication, surtout satellitaire, la planification administrée continue en toute bonne foi de sévir. Nous savons, par avance, que d’aucuns seront tentés d’opposer à nos propos une profuse nomenclature de projets destinés à la partie sud de la wilaya. S’il est vrai que les enveloppes budgétaires sont souvent conséquentes, il est tout aussi vrai que les choix économiques sont aux antipodes des besoins exprimés par de larges franges de la population, à savoir une activité économique à même de générer des richesses durables. Malheureusement, ce n’est souvent pas le cas : il s’agit de la réalisation de logements sociaux à concours définitif ou d’aménagements urbains tape-à-l’œil. Il se trouve des agglomérations rurales où le trottoir carrelé, incongru d’ailleurs, ne permet pas le passage de 3 personnes de front. Les onéreux supports en fonte à double candélabre font confondre éclairage public et éclairage d’ambiance.

La ville nouvelle, en dépit du nombre impressionnant d’unités locatives réalisées, présage de la naissance d’un faubourg urbain HLM. La plus haute autorité du pays a, elle-même, stigmatisé cette urbanisation qu’elle a qualifiée, à juste titre, de bombe à retardement. Les dérives socio-urbaines, observées jusque-là dans les métropoles du Nord, essaimeront dans les Hauts-Plateaux, jusque-là relativement épargnés, si ce n’est déjà fait. En ce qui concerne le côté culturel et sportif, le marasme est plus que chronique. La ville, qui disposait de deux salles de cinéma, dont l’une coloniale était des plus anciennes du pays, et d’un hippodrome dont le turf était connu dans toute le région, n’existent plus depuis les années soixante du siècle dernier. Le célèbre harras des Ouled Sidi Ziane fait le bonheur des champs de courses de Djelfa, Barika et M’sila. L’immense vivier culturel, à défaut de maison de la culture, végète dans des lieux inappropriés relevant plus de l’initiative privée que publique. Les repères culturels de la cité, dans son acceptation académique, ont été lamentablement gommés. Célèbre par ses atouts touristiques, elle ne constitue actuellement qu’un faire-valoir de visites beaucoup plus protocolaires pour chancelleries étrangères, qu’un véritable pôle attractif. Hormis l’hôtel Kerdada (ex-Transat) et Le Caïd sauvé in extremis par le groupe El Djazaïr, les autres, Sahara et Oasis tombent en ruine sous la déprime générale des initiés, le cœur gros comme çà ! Grosse agglomération urbaine, la cité, dont la population dépassait celle du chef-lieu, est soumise en matière de transport au diktat des chauffeurs de taxi et des clandestins.

Aucun transport en commun urbain, à part une poignée de vieilles guimbardes dont la durée de vie est largement dépassée. Le chef-lieu, par contre, est triplement chanceux, il dispose du transport en commun communal, du transport urbain à l’instar des grandes métropoles et du transport universitaire. Même les entités nationales, à l’exemple d’Air Algérie, ne dérogent pas à la règle du centrisme de wilaya. Son agence de Bou Saâda, l’une de ses plus anciennes représentations locales, a été sacrifiée en dépit de l’importante communauté expatriée et par conséquent son chiffre d’affaires florissant. L’intention du planificateur n’a jamais été de suréquiper les agglomérations à statut de chef-lieu, mais les bassins de population en tenant compte de la densité démographique érigée en normes arithmétiquement neutres. Sans cette perception, les équilibres souhaités s’inscriront beaucoup plus dans la virtualité statistique que dans le vécu au quotidien des composantes sociales locales. Cette revendication citoyenne est à respecter à plus d’un titre. Hautement symbolique d’un sens élevé de la mesure et de la retenue, elle interpelle les pouvoirs publics à répondre, ne serait-ce que par la création d’une annexe de l’actuelle université. Cette approche, de la seule initiative du conseil d’administration, peut être le jalon intérimaire d’une création future d’un centre universitaire ou pourquoi pas d’une université. Cette jeunesse admirable, qui a choisi les voies du dialogue et de la concertation, mérite tout notre respect pour sa détermination à ne pas verser dans le désordre de l’émeute à visée matérielle. En optant pour la mobilisation citoyenne dans la quête du savoir, elle ne fait que confirmer la réputation, non usurpée, de cette ancienne citadelle de la connaissance.


Farouk Zahi
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